De la maison à Rome, à vélo et en famille


Prendre la Route : Une Décision Brutale, Une Logistique Ingénieuse

Septembre 2024. Tandis que les écoliers faisaient leur rentrée, les Le Guen enfourchaient leurs vélos pour une aventure hivernale hors du commun. Nathanaëlle et Benoît, la quarantaine approchant, sont médecin et professeur. Avec leurs enfants Samuel (7 ans), Méloë (5 ans) et Jasmin (2 ans), ils ont quitté leur maison en Ardèche pour rouler jusqu’à Rome, puis explorer l’Italie à leur rythme.

Cette envie de voyage ne date pas d’hier. En 2017, ils avaient déjà traversé l’Amérique du Sud à vélo avec leur bébé de huit mois. Mais c’est la perte partielle du poste de Benoît qui déclenche le vrai départ : « Le jour où ils touchent à mon poste, on s’en va. » Ce jour est arrivé fin mai. Rapidement, tout s’aligne : congé parental, pas d’obligation scolaire pour Jasmin, et la possibilité de faire l’école à la maison pour les deux aînés.

Pas question de prendre l’avion. Pour l’aspect écologique, mais aussi pour montrer aux enfants que l’aventure commence au seuil de la porte. Leur choix se porte sur l’Italie : un pays vaste, riche en histoire, aux paysages variés et plus tempéré que la France. La Via Francigena, itinéraire de pèlerinage vers Rome, devient leur fil conducteur.

Côté logistique, l’ingéniosité est de mise. Pas de remorque, jugée trop encombrante. Benoît modifie un vélo longtail Surly pour transporter les enfants. La tente, une Hilleberg Nallo 4GT, est adaptée pour abriter toute la famille. Les sacs de couchage en duvet sont prioritaires, tout comme les tuniques imperméables pour les repas. Les enfants embarquent leurs propres vélos, avec un système de traction pour les aider dans les montées. Chaque sacoche est optimisée, chaque objet a sa place.

Vivre Ensemble 24h/24 : L’Aventure Humaine

Le plus grand défi n’est pas matériel. Il est humain. Vivre ensemble 24h/24, sans pause, sans répit, transforme la dynamique familiale. Les tensions montent vite. Faire l’école aux enfants dans le froid, sur une table de bar ou dans une tente humide, n’a rien d’idyllique. Il faut négocier chaque session, ruser pour garder leur attention, changer d’enfant en cours de route pour ne pas perdre patience.

Les galères sont nombreuses. La pluie, omniprésente, complique les bivouacs. La boue force les enfants à rester immobiles, au prix de longues discussions. Méloë, acrobate sur son vélo, déséquilibre le longtail. Les montées à 10 % sont éprouvantes, et Jasmin, deux ans, ne comprend pas toujours pourquoi il doit rester assis.

Mais il y a aussi les fous rires. Les pipi-casseroles improvisées. Les jeux avec des déchets transformés en jouets. Les enfants deviennent plus autonomes, rangent leurs affaires, participent à la vie collective. Et les parents apprennent à gérer leurs propres limites.

Le moment le plus marquant reste l’attaque par des chasseurs : un tir qui les a frôlés, causant une peur panique et une vigilance renforcée chaque week-end. Une expérience violente qui rappelle les risques invisibles du voyage.

L’Italie comme Terrain de Jeu : Une École à Ciel Ouvert

Chaque jour est une leçon. Les enfants apprennent la valeur de l’eau, la géographie, la géologie, les langues, les étoiles. Ils comprennent l’impact du plastique sur l’environnement, apprennent à se repérer, à parler italien en demandant de l’eau dans les villages.

Rome devient leur pôle magnétique. L’arrivée sur la place Saint-Pierre est un moment d’émotion intense. Escortés jusqu’à la basilique, les enfants obtiennent un tampon officiel dans leur cahier de dessin. Une reconnaissance symbolique d’un voyage sans "credencial" mais riche de sens.

La Sardaigne remplace la Sicile à cause de la météo et du terrain impraticable. Le parcours s’adapte au quotidien : routes bitumées ou sentiers, selon l’état des jambes et l’humeur du jour. L’objectif n’est pas le kilométrage, mais l’expérience.

L’accueil des Italiens est chaleureux. À chaque arrêt, encouragements, chocolats chauds, Kinder. Les enfants se sentent valorisés. Samuel, en difficulté scolaire, retrouve confiance. Méloë rêve d’ouvrir un refuge pour pèlerins dans leur jardin.

 

Et Maintenant ? Le Retour, les Enseignements, les Projets

De retour à la maison, le choc est brutal. Le confort fait du bien, mais la liberté manque déjà. L’école classique semble incompréhensible, les objets encombrants. Chacun retrouve peu à peu sa place, mais les souvenirs sont encore vibrants.

Si c’était à refaire ? Oui, mais pas tout de suite. Le voyage a été intense, exigeant. Les prochaines idées flottent : Islande, Cuba, Pamir, Europe du Nord... Mais une chose est certaine : ils repartiront. Car le voyage n’est pas une pause. C’est une façon de vivre.

« Ce n’est pas le nombre de pays qui compte, mais le temps passé ensemble sur les routes. »

Merci Famille Le Guen Merci de partager votre aventure et photos avec nous!


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